|  | Le DevoirCULTURE, jeudi 15 décembre 2005, p. b7
 L'éditeur Michel Brûlé ouvre un bar sans musique en anglais 
                   Stéphane Baillargeon 
                   Après les brûlots payants, l'éditeur nationaliste Michel Brûlé mise   maintenant sur un bar sans fumée et, surtout, sans musique de langue anglaise.   Le fondateur de la maison Les Intouchables, également propriétaire de Lanctôt   éditeur, a officiellement inauguré le bar Planète libre hier soir, au 812 de la   rue Rachel Est, à Montréal. Il affirme y avoir injecté des centaines de milliers   de dollars. 
                   «J'offre un endroit confortable avec des prises de positions politiques», a   dit l'éditeur interviewé par téléphone quelques heures avant l'ouverture.   «Premièrement, c'est un bar non-fumeurs. Deuxièmement, la musique ne sera pas   anglaise. Ce n'est pas parce que j'haïs cette musique mais parce qu'elle est   partout. Il y aura plutôt des soirées russes, allemandes, italiennes,   hispanophones ou lusophones, avec toujours entre 30 et 40 % de musiques en   français.» 
                   Le carton d'invitation à l'inauguration accuse carrément les «Anglais,   Étasuniens [sic] ou autres» de ne s'intéresser qu'à leur culture et de passer   leur temps à «regarder leur nombril». M. Brûlé en a remis en entrevue,   égratignant au passage des monuments de la culture pop. 
                   «Voir que les gens sont prêts à payer 2500 $ à des revendeurs de billets pour   aller voir U2, ça ne me rentre pas dans la tête», a dit l'éditeur, qui se décrit   comme un souverainiste et affirme parler couramment huit langues, dont   l'anglais, le russe et le bulgare. «Quand j'entends les gens me dire que John   Lennon est un intellectuel... C'est tellement galvaudé. "Champs de fraises pour   toujours" [Strawberry Fields Forever] ou "Je suis le morse» [I Am the Walrus]:   c'est ça, les textes intellectuels de John Lennon? On se fait inonder d'une   musique qu'on ne comprend pas et, quand on s'arrête aux mots, on se rend compte   qu'ils sont pathétiques.» 
                   Le refus de la consommation de tabac dans le nouvel estaminet est expliqué   par une volonté de «faire un pied de nez aux magnats de l'industrie du tabac,   qui ont aussi des intérêts dans les industries pétrolières et militaires et dans   la malbouffe». De toute manière, à compter du 31 mai 2006, il sera tout   simplement interdit de fumer dans tous les bars et restaurants du Québec.   |  |